[Rabah Donquishoot]
"Sans Rancune"
Regarde-toi chargée de violences
Ton visage est triste, tes extrémités meurtries
Ils louent tous ta beauté, ta grâce
Moi je n'ai vu qu'une garce
Là où tout le monde voit un regard profond
Moi je vois le mépris et l'affront
Écoute ma douloureuse ! Mais je t'en supplie n'y vois aucune haine
Si ce n'est le dépit d'un amant rejeté, d'un enfant abandonné, renié
Pour t'avoir vu radieuse, j'ai toujours su que tu n'étais qu'une torturée !
Triturée par les vicissitudes de ton histoire et j'ai fait l'indifférent...
Ma peine me suffisait
Oui, je n'ai jamais cru en notre guérison
J'ai voulu savoir le pourquoi de chacune de tes blessures
L'étymologie de tes maux voir remuer tes cicatrices
Comme autant de lèvres endolories !
"Faire le psy ?"
Aller chercher dans ton enfance, voisine
Tu es restée muette, affolée et muette mais on me l'a raconté
Comme tu étais belle, grande et blanche avec de longs
Cheveux qui dansent
Tellement de nattes qu'elles feraient de l'ombre a mille soleils
Tellement intéressante qu'au prés de toi aucune fatigue
N'appelait le sommeil
"Amoureux, moi ?"
Mais je suis né de ton cœur, je suis né de ton cœur
Et j'ai pleuré de te voir traîner ta peine
Les pieds dans les bottes de fer
Un pied sur le trottoir l'autre en enfer
J'ai pleuré ta robe déchirée plus que ta peau
J'ai pleuré ta honte, te voir résignée jusqu'à oublier
Le visage des kidnappeurs ceux qui t'ont élevé dans la peur
Qui t'ont arraché à ta merveilleuse famille pour te traîner
Loin de tes rêves
Je sais maintenant qu'ils arboraient le visage de l'amitié
Toi qui donnais ton dos au bâton de la confiance, tu les connaissais
Tu as cru bien faire en les suivant
Rien ne justifie ma colère. je t'en supplie, ne vois aucune haine
La rancune est le pire des défauts
La rancune est le coffre fort de la mémoire
Tu n'as jamais été rancunière, toi
Toi qui allaites en ton sein tes violeurs, toi qui tends la main à tes égorgeurs
Mais tu négliges. tu négliges, comme on t'a négligée
Tu négliges, comme on t'a méprisée, tu déracine, toi
La déracinée oui tu déracine surtout et dans ta
Générosité tu replantes pour les autres
"Ailleurs"
Des chênes, des hêtres, des arbres imposant
Au feuillage vert. creux et fragiles comme du verre
Toi qui veux tellement être aimée
Toi qui attends toujours après ta robe de mariée
Taillée dans le tissu de la blanche liberté
Je t'ai vu faire ta vierge effarouchée
Devant ces étrangers venus t'ausculter, leur pitié entre les doigts
Alors que tu voulais plaire
Plaire sans prendre le temps de te faire belle ?
Comme tu es restée naïve, mon ange d'hier tu n'es plus
L'ombre de toi-même
Je n'ai plus envie d'être ton amant
Mais ton enfant t'aime quand même