[Couplet 1]
Putain, j'me fais vieux, les années s'égrènent
Autour de moi des familles s'font, des jobs s'enchaînent
La peine sur les visages de certains
La joie pour d'autres dès lors qu'la bonne fortune effleure leurs mains
A la fenêtre de ma chambre, mon passé me regarde
Pousse des rires innocents alors qu'la vieillesse me taillade
Des pensées meurtries, ma vie bien chargée
J'me fais vieux, où sont passées mes belles années
Une période scolaire mâtinée d'erreurs
Une mémoire sélective se réveillant qu'à la fin d'l'heure
J'en ai soupé des phrases « Mourad, pas d'avenir, vous n'serez rien
Finirez dehors, ça c'est certain »
Le pire, c'est qu'j'ai fini par le croire
Enfin, les tartes du père y ont contribué tous les soirs
De CV déposés au MacDo et consorts
La réponse, même pistonné, était la seule « dehors »
A regarder en arrière l'adolescence de jeunes esseulés
Diffère toujours de celle qu'on nous a contée
Et sans tout cela, j'aurais fini au bled
A travailler la terre chez grand-mère Mallahmed
[Refrain (*2)]
Je sais, j'me fais vieux, des rides au coin des yeux
La saison hivernale a touché mes cheveux
Au crépuscule de mon existence
Les taches brunes sur mes mains calleuses y font référence
[Couplet 2]
Dans l'roman d'ma vie, tant d'écueils à chaque page
Les bords quand on est sali, côté unique de l'ouvrage
Des erreurs de parcours ayant fait des ratures
Des disparus de longue date, des explications en bordure
L'aventure humaine est trop longue à mon goût
Attendre des années pour comprendre ma place et c'que j'fous
Avancer à tâtons, des cors glacés aux pieds
Des funérariums bondés montrant la case arrivée
J'me fais vieux et ça m'fait mal de voir c'que j'laisse
Des commerces qui perdent leur enseigne
Des mouroirs pour les bêtes que nous sommes
Des points d'retraite pour les futures bêtes de somme
La pluie cogne sur les fenêtres des Bleuets
Aujourd'hui c'est compote, jeux d'cartes et télé
La vieillesse est une garce que je n'veux plus payer
Quitter ce lieu pour mon havre de paix ensoleillé
[Refrain]
[Couplet 3]
Des noms d'fleurs pour bâtisses, les mêmes pour nos stèles
Les myosotis n'égayent que les pierres, pas les êtres
A quoi ça sert? Je n'sais pas
Une adresse sans pouvoir te voir ne m'enchante pas
La joie des enfants d'à côté me réchauffe si peu
A les entendre crier, ça m'énerve, mais bon ça fait des heureux
La notion de temps est importante à mon âge
A l'aube de leur adolescence, l'automne aura jauni mes pages