Roland rentrait de son collège et dormait tard ces matins-là.
Je regardais tomber la neige en finissant mon chocolat.
Je voyais Lise à la fenêtre en contre-jour, et dans un coin
Papa relisait une lettre en tenant Maman par la main.
Alors, j'ai pris pour moi tout seul la tendre image dans mon cœur
Et d'aujourd'hui jusqu'au linceul, ce sera celle du bonheur.
J'attendais l'heure de son solfège en regardant depuis l'entrée
Les pas de Lise dans la neige qui dessinaient comme un sentier.
Roland, pour terminer son rêve, faisait semblant d'être endormi,
Lorsque Maman, pour qu'il se lève, allait l'embrasser dans son lit.
Alors, j'ai pris pour moi tout seul la tendre image dans mon cœur
Et d'aujourd'hui jusqu'au linceul, ce sera celle du bonheur.
Le temps d'écrire quelques pages, il est passé quelques années
Sur le décor et les visages, et puis Maman s'en est allée.
Lise vient dîner certains soirs et Roland passe à l'occasion.
Papa m'appelle et vient me voir s'il est trop seul à la maison.
Et j'ai gardé pour moi tout seul la tendre image du bonheur
Mais d'aujourd'hui jusqu'au linceul, elle me déchirera le cœur